“Cap pour cap

Au pied des arbres, la clarté filtre à travers les ramures et perd le regard du marcheur par la succession de motifs et de nuances colorées qui s’additionnent tout autour de lui, sur quelques cliquetis cristallins. Parcimonieux, les branchages fichés, élevés, esseulés en outre de la proche forêt foisonnante, exhalent les écoulements lacrymaux des vérités substantielles de notre ère.

Être “sous le mat” aux échecs, c'est lorsque l'on ne peut plus bouger une pièce sans la mener à sa perte logique, une organisation au-delà du progrès, où la stratégie cède à la prosodie. Escamotant les charmilles, berceaux opaques d'antan qui domestiquaient les “charmes communs” en futaies, ces pylônes sondent notre époque et marquent de cailloux arc-en-ciel, l'allure journalière des passants occupés. Ils sont découverts, de ces feuilles qui ont échoué, au son des égouttements, et à la vue des céramiques qui les matricent au sol.


Des Mâts auxquels se coulent les bômes souples, en régénération circulaire, qui se patinent. Tandis que la décomposition versicolore de la lumière s'opère au prisme des gouttes en l'air. Leur métal chatoyant de technicité va produire, par une lente oxydation au vert-de-gris, une mousse invasive, son propre lichen, concession dans une carnation de tilleul qui pansera les artefacts graciles. En élevant le regard, se campent ces "courbes" inversées, terme qui désignait plusieurs siècles plus tôt la tige de bois sur les épaules des porteurs d'eau, dont les seaux formaient la "voie". Au passage du soir, l'intersection se signalise à sa souche, baignée et raccordée en son origine, par une veilleuse. Sur le chemin des piétons de Fontainebleau, un crible giratoire tamise le temps, et la nuit, des lucioles pavent sa perspective.”


Anne Bariteaud


École supérieure d’art et de design - TALM - Le Mans



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