Cher Oscar,


Les oeuvres d’Elías Gama sont la déclinaison d’un jeu de questionnement des signes qui composent tout langage. Son travail renvoie au moment fantasmatique où des humains ont commencé à élaborer des conventions picturales et scripturaires, marquant le passage à un autre niveau d’abstraction et de civilisation. L’arbitraire et la contingence du signe au moment de ce saut se transposent dans les oeuvres par une grande fragilité de l’apparition et par une grande sensibilité au mouvement des phénomènes naturels.

Dans sa série de peintures à l’huile (2021), l’artiste utilise le contour de 26 petites pierres en guise de nouvel alphabet. Dans Les Frondaisons (2021), peinture sur une ancienne cheminée industrielle à Montreuil, l’artiste code les prénoms des élèves de l’école la plus proche en pictogrammes : le contour de feuilles d’arbres de différentes essences. L’année suivante, il exécute une série de tempera où les os d’un oiseau servent de modèles à de nouveaux caractères. Les Mâts (2022), fontaine installée à Fontainebleau, prend pour matrice les troncs de la forêt voisine et le chatoiement de leur ramage.

Pour la 73ème édition de Jeune Création, il utilise le lanterneau du siège du Parti Communiste Français conçu par Oscar Niemeyer pour projeter formes et couleurs sur ses parois intérieures. L’intensité de la projection est directement indexée sur les conditions extérieures, dans un geste qui tente d’approcher, de montrer du doigt les limites du langage en même temps que le moment de son élaboration primordiale.

–  Alexandre Desson









︎